Reflexion sur les Droits de l’Homme
Posté par Rabah Naceri le 31 octobre 2007
Par Rabah Naceri
08 octobre 1962 – 08 octobre 2002
Des Droits de l’Homme à la répression
L’Algérie vient de marquer, le 08 octobre 2002, sa quarantième année depuis son adhésion au sein de l’auguste organisation, l’Organisation des Nations Unies (O.N.U).
En effet, l’Algérie a eu le mérite d’adhérer à l’organisation des Nations Unies dès son indépendance fraîchement et chèrement acquise, ce qui l’honore et démontre l’intérêt des dirigeants de ce jeune Etat indépendant à s’inscrire dans l’option démocratique, du respect des droits de l’homme, du modernisme et de l’universalité où l’unique centre d’intérêt est l’épanouissement de l’Homme.
L’adhésion de notre pays à l’Onu a augmenté la crédibilité du peuple algérien, une crédibilité acquise après le long combat libérateur qu’il a mené durant presque huit années de guerre armée contre le pays colonisateur, ce qui lui a valu le respect et même l’admiration des nations les plus avancées.
En adhérant à cette plus haute organisation internationale, l’Algérie a démontré sa maturité et sa volonté politique de s’inscrire dans le concert des nations ouvertes à la défense des droits de l’homme et de militer dans une solidarité internationale aux valeurs universelles.
Ces droits qui sont indivisibles doivent reposer d’abord et avant tout sur le recouvrement de la dignité de l’Algérien et de son épanouissement ; une dignité caractérisée par le droit à un niveau de vie suffisant, à la protection de sa santé, à un travail, à un logement, à l’éducation, au respect de son identité culturelle (notamment de ses langues), à un logement décent, etc.
Malheureusement, depuis 40 ans l’Algérien n’a été nourri que de beaux discours académiques mais creux et gavé à satiété de promesses non tenues lui demandant encore et toujours de supporter d’autres sacrifices dans l’intérêt du pays.
Au fil des années, l’Algérien a vu sa dignité piétinée jusqu’à devenir un sous-citoyen perdant ses droits un à un jusqu’aux plus élémentaires : le droit à la vie.
Depuis 40ans, l’Algérien a vu ses espaces d’expression se rétrécir et son droit à la différence totalement anéanti au nom de l’intérêt de l’Etat. La stratégie du pouvoir était d’uniformiser le peuple tout entier après avoir cru avoir réussi à uniformiser sa pensée.
L’Algérien qui a pendant longtemps caressé l’espoir de voir ses conditions de vie s’améliorer a vu au contraire son pouvoir d’achat s’effriter à tel point que la misère est devenue générale où l’unique aspiration qui lui restait était de lutter pour sa survie.
Lui qui a espéré, à l’indépendance, accéder à un logement décent et relever son niveau de vie, a vite déchanté. Pis encore, il voit son espace vital se réduire et sombrer lamentablement dans un misérabilisme aggravé par le nombre d’enfants élevés, qui deviennent adultes pour aller grossir les rangs des chômeurs malgré leur niveau d’instruction.
Le système éducatif qui a montré ses limites et son inadaptation aux valeurs universelles n’est pas en reste dans la pente douce prise par notre pays vers l’inconnu dont le pire est à craindre. L’école qui est le moyen par excellence pour former et informer l’homme a lamentablement échoué dans sa mission malgré les sommes faramineuses injectées dans ce secteur et tout l’intérêt qu’il semblait bénéficier des autorités algériennes et sa place privilégiée consacrée dans les textes internationaux et les textes législatifs nationaux.
L’Etat algérien, depuis son adhésion à la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme le 08 octobre 1962, a même signé et ratifié d’autres textes internationaux, comme le Pacte International relatif aux droits économiques, sociaux et culturels et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques. A chaque engagement de l’Algérie à un instrument international donc au respect des droits de l’homme, le peuple se met à développer immédiatement un sentiment d’espoir. Un espoir qui ne tarde pas à tourner vers le désespoir car le décalage entre les intentions et la pratique est outrageusement apparente. La sécurité des Algériens est devenue dangereusement précaire par la défaillance des services de l’Etat où les dépassements sont devenus monnaie courante et l’impunité régner en maîtresse.
Ce rétrécissement des libertés individuelles et collectives, l’effritement du pouvoir d’achat, la précarité du marché de l’emploi, l’absence de perspectives ont amené les jeunes algériens, un 05 Octobre 88, à investir le dernier espace qui leur restait : la rue, pour envoyer un signal fort et violent aux tenants du pouvoir. Cette manifestation, reposant sur des revendications légitimes qui sont pourtant consacrées par les textes fondamentaux ratifiés par l’Algérie, a été violemment réprimée par le pouvoir se traduisant par plusieurs centaines de morts et de blessés graves.
A ce jour le statut de ces victimes n’est pas arrêté, elles sont qualifiées d’accidents de travail sans qu’elles connaissent le nom de leur employeur.
Un séisme a secoué une grande partie de l’Algérie, en avril 2001, où 120 jeunes ont trouvé la mort et des milliers de jeunes blessés, handicapés à vie pour avoir osé revendiquer le droit d’exister et le droit à la dignité.
Après 18 mois de protestation, le pouvoir, au lieu d’aller vers la vraie solution aux vrais problèmes, a préféré réprimé toutes manifestations et toute forme de revendication, arrêté des délégués-citoyens qui ont commis l’erreur de vouloir s’exprimer librement et de revendiquer publiquement leurs droits élémentaires : sociaux, économiques, culturels et linguistiques.
Depuis 40 ans, l’Etat algérien ne fait que consommer ses contradictions et entamé toute sa crédibilité compromettant sérieusement et pour longtemps son avenir et en hypothéquant même l’avenir des générations montantes.
Il est temps, et nous l’avons déjà dit, que le pouvoir prête attention à son peuple qui a mûri et qui manifeste une prise de conscience qui force le respect et l’admiration.
Le pouvoir algérien qui ne veut pas provoquer le changement le subira avec tous les inconvénients.
Octobre 2002
Rabah NACERI
Ancien Président d’Apw de Bejaïa (1997 – 2002)
Militant du mouvement associatif et des Droits de l’Homme.
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