Digne fils de l’Algerie
Posté par Rabah Naceri le 16 janvier 2008
Mercredi 16 janvier 2008
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II y a 16 ans, Boudiaf retournait en Algérie après un exil de 28 ans
Digne fils de l’Algérie
Aïssa Boudiaf, 79 ans, est le frère cadet de Mohamed Boudiaf. Bijoutier à Alger, il a pris part à la lutte de Libération nationale. Dans un entretien, il nous a fait part de sa fierté d’avoir participé à « ce devoir sacré » pour que l’Algérie puisse accéder à son indépendance dans la dignité. Aïssa, qui a côtoyé son frère aîné, apporte son témoignage sur le parcours de Si Tayeb El Watani.
S’il met en exergue le rôle actif de l’un des principaux acteurs de la révolution, il fustige, par ailleurs, ceux qui n’ont cessé de lui mettre les bâtons dans les roues tout juste parce qu’il est le frère de l’autre.
Très remonté, Aïssa n’arrive pas à s’expliquer tout cet acharnement à son égard et à l’endroit de la famille Boudiaf qui a payé un lourd tribut pour l’Algérie éternelle. Voici son témoignage. Mohamed Boudiaf est issu du arch des Boudiaf, Ouled Abdelhak de la tribu des Ouled Madi près de M’sila. D’origine modeste, ils ne sont pas une famille de grande tente. Leur fief se trouve au douar Saïda où la famille possédait des terres au lieudit Sad El Ghoba. Vu les conditions de l’époque marquées par l’oppression et les spoliations, la famille a dû s’exiler à Tunis où naquit son père Kheiredine en 1874. Les Français y débarquèrent en 1882 pour y instaurer le protectorat. A la fin de la Première Guerre mondiale, le père retourna au bercail. Il épousa une fille de Bou Saâda, pour se fixer au quartier El Arkoub dans le vieux M’sila. En juin 1919, Mohamed vient au monde. En novembre, Kheiredine se réappropria les terres de ses ancêtres. Dans le quartier El Arkoub, Mohamed grandit et apprit le Coran, avant de rejoindre l’école communale de M’sila. Il en sortit avec le certificat d’études en 1933. Il poursuit ses études à Bou Saâda où résidaient ses grands- parents maternels. Mais en raison de problèmes financiers, il dut interrompre ses études après 3 ans. Cela ne l’empêcha pas de persévérer tout seul. A 18 ans, il intégra le monde du travail. Il exerça en qualité de clerc chez l’huissier Pajes à M’sila. En 1938, il tenta l’aventure à Constantine mais sans trouver un emploi stable. Ce fut alors d’ incessants va-et-vient entre l’antique Cirta et sa ville natale. En 1939, il est embauché au sein de l’entreprise de tabacs appartenant à la famille Bentchicou. Mohamed donnait pratiquement la totalité de sa paie à son père, pour subvenir aux besoins de toute la famille qui s’est agrandie avec la venue au monde de deux frères, Moussa et Aïssa, et d’une sœur. En 1940, de retour à M’sila, Mohamed a été grandement affecté par la mort du cheïkh Ben Badis, le 16 avril de la même année, selon le témoignage de son jeune frère. Une année après, il change de job en tant que fonctionnaire exerçant au parc d’artillerie d’El Mansourah sur les hauteurs de Constantine. Après sa réussite à un concours, il est embauché par les Impôts. Il exercera entre 1942 et 1943 à Jijel. Il sera rattrapé par le service militaire obligatoire, qu’il effectuera au sein de la 67e artillerie de Batna. Le jeune soldat a été profondément marqué par les massacres de mai 1945. Après sa démobilisation et sa réintégration aux impôts, il est nommé à Aïn Abassa, contrée touchée par les événements de 1945, avant d’atterrir à Bordj Bou Arréridj. Il démissionna de son poste à l’appel du devoir national et continua à militer au sein du PPA. Il s’occupa de sa branche militaire ou Organisation spéciale (OS). Dès 1947, sa vie changea de but en blanc. Il était constamment en déplacement, notamment dans la capitale. Après le démantèlement de l’OS en 1950, Mohamed revint clandestinement à M’sila. Il était recherché par la police. En juillet 1954, après la fameuse réunion des 22 à Alger, Mohamed put voir sa mère qu’on a déplacée de M’sila spécialement pour lui et qu’il a pu rencontrer à Blida. C’était la dernière rencontre entre Mohamed et sa famille avant le déclenchement de la lutte de libération. Quant à Aïssa son frère, il ne le rencontra que 5 ans plus tard en 1959 — après « l’arraisonnement » de l’avion par les Français en 1956 — à la prison de Fresnes en France lorsque Mohamed subit une opération chirurgicale aux poumons. La visite a eu lieu en présence de Kheiredine, le fils aîné de Mohamed, disparu depuis suite à une embuscade. Durant son incarcération, Mohamed envoyait régulièrement du courrier à sa famille. Aïssa, traqué par la police française, dut se réfugier, lui, au Maroc, jusqu’au 19 mars 1962. Après la libération des 5, ces derniers ont été reçus à l’aéroport de Casa par de hautes personnalités algériennes et marocaines. Lors de la crise de l’été 1962, Boudiaf s’allie à Krim. Ils organisèrent des meetings à Tizi, Béjaïa et Bordj Bou Arréridj. De retour à M’sila, Mohamed était constamment surveillé par les éléments de la Wilaya I, qui finirent par l’arrêter et l’emmener à Batna. Boudiaf prit attache avec Mohand Oul Hand pour persuader Aït Ahmed de rentrer en Algérie, mais celui-ci refusa. Le retour de Boudiaf au bureau politique fut éphémère. Il fonda en septembre 1962 le Parti de la révolution socialiste (PRS). Il rencontre, en secret, Boumediène en mai 1963. Il est arrêté le 21 juin 1963 pas loin de son domicile, un F2 propriété de la SN Repal. En septembre 1963, il est libéré. Il quitte l’Algérie en 1964. Le PRS dirigé par Boudiaf abandonne son sigle dès juillet 1964, pour celui de la CNDR (Conseil national de la défense de la révolution). Boudiaf se fixe à Kenitra où il achète en 1972 une briqueterie avec l’aide de ses frères. En juin 1991, son frère Moussa décède. Boudiaf retourne en Algérie le 16 janvier 1992. Il est assassiné à Annaba le 29 juin de la même année. (Par H.T)
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