J’ai longtemps hésité s’il fallait écrire quelque chose sur ce qui est en train de se passer dans notre pays, dont notre wilaya n’échappe pas, ou bien se taire pour éviter d’amplifier les évènements en cours. Mais puisque la presse écrite donne l’information au jour le jour et les forums ouverts sur la toile web donnent les nouvelles en temps réel alors autant écrire et donner mon point de vue qui est pratiquement celui de plusieurs millions d’Algériens du moment que les problèmes quotidiens sont, à quelques choses près, les mêmes pour tous.
Depuis de longues années, de nombreux intellectuels (universitaires, militants du mouvement associatif, des cadres en exercice ou en retraite, etc) soutenus par des journalistes ont tiré les sonnettes d’alarme pour alerter les responsables algériens que les lampes sont au rouge. Des signes tangibles ont été perçus, des cris forts lancés ça et là, des manifestations de rue ont été relevées… mais aucune réaction des pouvoirs publics n’a été constatée pour tranquilliser les citoyens et leur redonner espoir. Souvent, les rapports établis par les services déconcentrés de l’Etat tendent à minimiser les évènements pour tranquilliser leur hiérarchie et gagner ainsi leur sympathie et leurs faveurs en vue d’une promotion ou de maintien au poste. Le fossé entre l’administration et les administrés se creusent chaque jour un peu plus, ce qui se traduit souvent par des attitudes s’apparentant à du mépris à l’égard du citoyen qui ne sait plus à quel saint se vouer pour faire aboutir ses revendications. Les portes de la revendication se ferment les unes après les autres ne laissant que la rue comme dernier espace de revendication. Les scènes de rue nous les connaissons pour les avoir bien vécues à de très nombreuses occasions : pneus brûlés, voitures incendiées, vitrines défoncées, poteaux téléphoniques et électriques arrachés, etc… en un mot, le carnage.
La gestion, par les services de l’ordre, est connue et elle se fait sans état d’âme : matraquage, arrestations, condamnations, etc, etc.
Je ne vais pas m’étaler dans le détail des raisons qui ont poussé le peuple à sortir dans la rue, je vais juste énumérer quelques raisons majeures :
1. le pouvoir d’achat de l’Algérien tend vers le misérablisme (salaire gelé pendant que les produits de large consommation grimpent)
2. le marché de l’emploi s’est consédirablement retrécie pour ne pas dire totalement fermé. Des jeunes, formés par l’université et des centres de formation, ne trouvent pas d’emploi. Ils continuent de vivre aux crochets de leurs parents.
3. le logement social devient de plus en plus rare, soi-disant par manque de foncier, pendant que des coopératives privées poussent comme des champignons. On voit de jeunes célibataires habiter des logements de type F3 ou F4 pendant que des familles nombreuses s’entassent dans des F1 ou F2.
4. les disparités criantes entre l’urbain et le rural. Nos communes de l’intérieur se vident car ne bénéficiant d’aucun avantage du développement (centre de soins, antennes administratives, centre culturels, etc…)
5. le développement déséquilibré relevé au sein même d’une région : des villes qui bénéficient de projet de métro ultra-moderne et des communes environnantes qui n’ont pas d’eau courante, pas de gaz de ville, pas de routes d’accès, pas de transport…
6. le peuple est livré à lui-même alors que l’Etat se doit de l’éduquer puis de l’instruire pour en faire un citoyen accompli qui saura faire aboutir pacifiquement ses revendications.
7. des élus (toutes tendances confondues) qui tournent le dos au peuple en préfèrant les salons confortables avec un oeil sur le compte bancaire au lieu des espaces de combat pour lesquels ils sont élus.
Toutes ces contraintes sont vécues quotidiennement par la majeure partie des Algériens depuis toujours sans que l’on voit la moindre volonté politique de bien faire à tel point qu’il y a d’un côté le pouvoir et de l’autre le peuple. Entre eux, le désert !
Oui ! pour revendiquer nos droits à une vie décente
Oui : pour une justice indépendante
Oui ! pour revendiquer une vie meilleure sans avoir besoin d’aller ailleurs
Oui ! pour mettre fin à la corruption qui gangrène la société algérienne
Oui ! pour mettre fin au ben-amisme (le piston et les passe-droits)
Oui ! pour chasser l’incompétence et la médiocrité aux postes de responsabilite
Mais …
Sans violence – Sans brûler les édifices publics ou privés – Sans destruction de biens
Manifestons-nous… PACIFIQUEMENT !!