Les Algériens s’apprêtent à vivre une échéance électorale dans les jours à venir dont beaucoup semblent indifférents, comme pour les législatives du 4 mai, mais que d’autres argumentent comme quoi les locales sont différentes parce qu’elles permettront aux « heureux ou malheureux » élus d’être « proches » des citoyens. Faire des commentaires ou des analyses sur ces choix n’est guère mon intention en écrivant ce texte.
Ma démarche, concernant ces prochaines échéances électorales et au risque de surprendre certains, consiste à attirer l’attention des militants du mouvement associatif et plus particulièrement ceux qui sont soucieux et jaloux de leur autonomie de fonctionnement et de leur indépendance des forces de manipulation qui infestent les espaces publics. Beaucoup comprendront que mes allusions sont orientées vers certaines formations politiques et certains candidats indépendants qui ne reculent devant rien pour manipuler des associations à caractère social, culturel, religieux, environnemental, etc.
A mesure que se rapproche l’échéance, des techniques – des plus simples aux plus diaboliques – sont mises en marche pour séduire des militants d’associations, surtout celles qui sont les plus visibles et les plus crédibles, en leur promettant monts et merveilles, en les soudoyant avec de l’argent liquide, en leur promettant de postes de travail après les élections, des logements, etc.
En attendant donc le lancement officiel de la campagne électorale, certains candidats organisent des visites ou bien se mêlent à des actions citoyennes pour se laisser prendre en photos avec des militants engagés et crédibles et d’encourager la publication de ces photos sur tous les réseaux sociaux afin de faire passer le message vers l’électorat.
Nous ne sommes pas naïfs, non plus, pour constater que certains candidats n’hésitent pas à utiliser les moyens de l’Etat, au vu et au su des autorités locales et de tous, pour gagner la sympathie des électeurs pour se faire élire ou pour faire oublier le bilan catastrophique de leur mandat et de glaner un autre mandat même si cela risque de nous mener vers le pire.
Certains me reprocheront de mettre en garde les militants du mouvement associatif sur les tentatives de certains « politiciens » alors que je suis moi-même membre fondateur d’un nouveau parti politique. C’est exact. Seulement, avant de m’engager dans le combat politique, j’ai fait mon long apprentissage dans le mouvement associatif qui m’a forgé dans l’action citoyenne d’intérêt général et surtout d’évoluer dans un milieu pluriel dans le respect des uns et des autres où j’ai également appris à discerner les choses incompatibles tout en étant complémentaires.
Je n’apprends rien à personne que la force et le mérite du mouvement associatif autonome et indépendant résident dans sa capacité à identifier les vrais problèmes qui empoisonnent le quotidien des citoyens, de les prioriser et de les accompagner de vraies solutions qu’il soumettra aux autorités compétentes.
Le second mérite du mouvement associatif se caractérise par sa capacité d’adaptation à toutes les tendances politiques des institutions élues dont le point commun à tous les élus est la satisfaction des besoins de leurs concitoyens. Autrement dit, la couleur politique dominante d’une institution élue peut changer d’un mandat à un autre. Mais les objectifs et le combat d’une association restent les mêmes.
En quelques mots, je recommande, sincèrement, aux militants du mouvement associatif d’éviter à tout prix de se laisser embrigader par des candidats d’un parti politique ou des candidats indépendants qui entameraient leur crédibilité devant les citoyens. Une association est créée pour survivre à ses fondateurs et d’être au service de leurs adhérents en les formant dans une pédagogie citoyenne et responsable.
Les membres d’une association, quel que soit le caractère de celle-ci, sont toutefois libres de s’exposer avec des candidats aux élections, de leur accorder leur sympathie ou leur soutien et/ou même de leur faire campagne. Cela n’engagera que leur personne sans mettre en péril leur association ou porter atteinte à son intégrité morale et collective.
Telle est ma position sur cette question qui semble resurgir à chaque échéance électorale et qui s’achève souvent par des disparitions d’associations ou d’organisations citoyennes tout en alimentant la méfiance dans l’esprit des citoyens à l’égard des partis politiques et des associations (exception faite des associations satellites qui, elles, sont créées en moins de 48 heures pour exécuter une feuille de route déjà établie quitte à mentir à tout le monde).
M. Rabah NACERI