La maison qui a abrité le Congrès de la Soummam laissée à l’abandon !
Posté par Rabah Naceri le 28 août 2013
C’est Abane qu’on (ré)assassine
(Par Saïd Chekri). C’est en cette année où l’Algérie célèbre le 50e anniversaire de son Indépendance, en grandes pompes et moyennant un budget colossal, que nous découvrons l’insoutenable : le musée d’Ifri-Ouzellaguen, nom donné depuis 1984 à cette vieille maison qui a abrité le Congrès de la Soummam, est dans un état de délabrement inadmissible pour un lieu aussi chargé d’histoire et de mémoire, un lieu où se sont retrouvés, un jour du mois d’août 1956, Abane et Ben M’hidi pour donner à la Révolution une organisation et une finalité, l’indépendance n’étant qu’un moyen de réaliser celle-ci.
Il y a huit jours, le chef de l’État invitait les jeunes générations à “ne pas délaisser le patrimoine légué par ces pionniers” et son ministre délégué au Tourisme, et… délégué aussi, pour l’occasion, à représenter l’État aux festivités commémoratives du 20 Août 1956, assurait que Béjaïa recélait un potentiel avéré pouvant en faire une région pionnière en matière de “tourisme historique”. À voir l’abandon auquel est livrée la maison du Congrès de la Soummam, on est en droit de douter de la sincérité du message présidentiel et de considérer l’idée du ministre délégué comme une profession de foi de circonstance.
Pour autant, le sort fait à ce haut lieu de notre Histoire récente peut s’expliquer. Par l’absurde, bien sûr. Et la bêtise, certainement.
Dans cette Algérie où les Ben Bella, les Kafi et leurs affidés pourfendeurs attitrés de Abane Ramdane, ont pignon sur rue et peuvent couvrir sa mémoire d’opprobre en toute impunité, dans ce pays où l’on cultive l’oubli de l’idée même de l’État démocratique et social quand elle n’est pas combattue au grand jour et à coups de grands budgets, n’est-il pas “normal” que le musée de la Soummam soit ainsi délaissé, livré aux rats et aux chiens errants ? Et c’est encore d’autant plus “normal” que l’Algérie connaît, en ce cinquantenaire de l’Indépendance, un contexte politique et social dont l’origine remonte au 27 décembre 1957, ce jour noir où l’architecte de la Révolution et du Congrès de la Soummam fut assassiné.
Car tout compte fait, lorsqu’on ferme les yeux sur la dégradation physique d’un patrimoine d’une aussi grande valeur historique, politique et émotionnelle, tel que le musée de la Soummam, c’est Abane qu’on (ré)assassine. Quoi de plus “normal”, par les temps qui courent ?
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