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« Le dossier de l’Amazighité en veille »

Posté par Rabah Naceri le 7 septembre 2012

El-Moudjahid dans 1. AU JOUR LE JOUR

(Par Nora Chergui). M. Youcef Merahi, sécretaire général du Haut Commissariat à l’Amazighité (HCA), a saisi l’opportunité de la nomination du nouveau gouvernement pour demander que le dossier de l’amazighité « soit mieux considéré » et que les trois dimensions qui font notre identité nationale soient « schématisées par un triangle équilatéral ».

Lors de la journée d’étude organisée, hier, au centre de presse d’El Moudjahid, avec pour thématique l’évolution du dossier de l’amazighité en Algérie, le SG du HCA, qui a regretté que cette instance ne soit plus une force de proposition, a appelé à ce que soit relancé le débat sur la nécessité d’établir un état des lieux et notamment les chapitres de l’enseignement de cette langue et son utilisation dans la communication. Selon lui, beaucoup de choses sont à reprocher à l’enseignement de tamazight, considéré tout de même comme un grand acquis. Pour le SG du HCA  un net recul a été enregistré. « A titre d’exemple, 17 ans après, l’enseignement se fait toujours à titre expérimental. C’est encore une matière facultative et il n’y a pas encore une école normale qui forme des enseignants ». M. Merahi trouve aberrant que l’enseignement de la langue amazigh soit soumis à une autorisation parentale ou que le prix du  manuel scolaire soit le plus élevé. A propos  de la place de tamazight dans le secteur de la communication l’intervenant estime que « beaucoup de choses restent à faire ». Evoquant la chaîne de télévision en expression amazigh (TV4) lancée en 2009, Youcef Merahi estime que cette chaîne  «ne reflète pas réellement la réalité vécue par les Algériens». Partant de ce constat, il estime que les programmes doivent être revus. Pour le SG du HCA, l’évolution du dossier de l’amazighité est confronté à des lourdeurs bureaucratiques qui ne peuvent être levées que grâce à une volonté politique généreuse pour faire avancer les choses. Car dira-t-il face à notre discours militant, nous sommes confrontés à un discours bureaucratique  « aujourd’hui,  le tamazight est orphelin dans son pays ».

HCAMerahi estime que l’enseignement d’une langue maternelle doit être obligatoire au même titre que la langue arabe. A la question, d’un confrère sur l’officialisation de la langue amazigh, M. Merahi répondra que sur ce point précis deux thèses s’affrontent. La première qui s’oppose, mais d’une manière pernicieuse, en arguant qu’il faut d’abord préparer le terrain, et l’autre qui demande à ce que soit décrétée l’officialisation, et de là découleront tous les textes. En somme, le SG du HCA dit qu’il ne demande pas la lune. Au vu de la demande sociale, ses revendications se résument : en l’obligation de l’enseignement de l’amazigh pour le sortir de l’expérimental et l’optionnel ; l’ouverture  d’une école normale pour former les formateurs ; la création, sur fonds publics, d’un journal édité en langue tamazight et  la voir étalée sur les frontons des administrations et les plaques de signalisation. Toutes ces propositions ont été les principaux axes du rapport remis au Chef de l’Etat il y a de cela 15 jours.
Youcef Merahi a également déploré le fait  que le HCA  soit  sans président depuis le décès en 2004, du regretté Idir Aït Amrane. Dans sa communication, présentant la journée d’étude,  le directeur de la promotion culturelle au HCA, M. Si El Hachemi Assad,  est revenu sur  le parcours du HCA, dont la principale mission reste la consolidation de tamazight dans notre pays. Cette année, le Haut-Commissariat à l’Amazighité bouclera ses 17 ans sur l’échiquier institutionnel.  
Si beaucoup a été fait, beaucoup reste à faire. Pour M. Assad, le principal objectif est l’audit de l’introduction de tamazight dans les systèmes d’enseignement et de la communication. Pour cela, dit-il, il faut l’implication des départements  ministériels concernés.  Le conférencier a de son côté appelé à la mise place d’un instrument à l’exemple du Comité ministériel (CIM) afin de rendre exécutoire les décisions prises par le HCA. Celui-ci, dira-t-il, doit être un instrument d’accompagnement dans la gestion du dossier de l’amazighité par les différents ministères partenaires. Par ailleurs, M. Assad n’a pas manqué de signaler que le HCA occupe un  siège inapproprié. Une situation qui rend difficile le fonctionnement de ses services administratifs.

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Quelques interventions fort intéressantes à lire ci-dessous :

Cherifa Bilek, Sous-directrice de l’Enseignement et de la Formation au HCA
« 70% du lexique en Tamazight est déjà unifié »

Dans une de ses récentes sorties médiatiques, le Haut-Commissariat à l’Amazighité a parlé d’un projet ayant trait à l’unification terminologique et lexicale. Pouvez-vous nous en dire davantage?  
En effet, cette idée a été dévoilée lors d’un symposium tenu sous ma direction et lequel a réuni un panel de spécialistes. Pourquoi cette unification ? Il serait judicieux de rappeler que les premières recherches ont été axées sur la grammaire. Maintenant que Tamazight est enseignée, nous sommes confrontés à un problème d’hypo-fonctionnalité. En termes de lexique, énormément de mots ont disparu. Même les archaïsmes ne semblent plus utilisables aujourd’hui. Conséquence : on doit faire face à ce manque. Rappelons que des travaux, individuels ou collectifs ont été entamés pour créer de nouveaux mots appelés les néologismes. Outre la création, il y a eu, également, la réactivation des archaïsmes. Mais, l’urgence est d’installer un centre de terminologie pour réguler toute cette création. Le plus difficile est déjà fait. Selon les universitaires et chercheurs, 70% du lexique en Tamazight est déjà unifié. On veut continuer avec le reste en partant sur une base commune.

Dans votre intervention, vous avez relevé quelques chiffres probants. Dix-sept ans après son introduction dans l’enseignement, la langue amazigh dispose, en 2012, de 1.551 enseignants, appelés à encadrer 225.210 apprenants. Un grand pas vers l’avenir ?
L’apport positif d’une langue maternelle est des plus importants. ça motive et donne confiance à l’enfant. Pour revenir à votre question, je dirai qu’il y a une progression statistique, mais elle n’est mise en évidence que dans la Kabylie. Et c’est à ce niveau que les travaux doivent être concentrés.

Quel sera votre cheval de bataille au sein du HCA pour que Tamazight trouve sa place dans d’autres wilayas ?

A mon avis, tous les ministères doivent conjuguer leurs efforts pour aboutir à une conclusion importante. En premier lieu, il y a le département de l’Education nationale mais aussi celui de l’Enseignement supérieur. Il faut qu’il y ait un pont entre ces deux ministères.

Vous avez également fait part de l’importance de la formation des formateurs. Un commentaire ?
L’essentiel de l’encadrement de l’enseignement de Tamazight vient des départements de langue et culture amazigh. Or, le problème de formation est posé par les titulaires de licences libres qui ne sont pas destinés à l’enseignement. Ils feront face à des enfants et il leur faut des modules de périphérique, de psycho-pédagogique… et de didactique. Il y a certes des efforts au niveau des départements. Est-ce suffisant ? Un travail titanesque doit être fait au sein des ENS et ex-ITE.
Propos recueillis par
Fouad Irnatene


Kemkem Ghenima, formatrice de formateurs à l’IFPM
« Il faut faire appel aux bons  formateurs »

L’un des plus important point inhérent à l’enseignement de Tamazight consiste en la formation des formateurs. Où en est-on au juste ?
Tout d’abord, je dois préciser que l’IFPM d’Alger (Institut de formation et de perfectionnement des maîtres), n’est pas fermé, mais juste déplacé. Le nouvel établissement dans lequel il a été installé provisoirement, ne dispose pas de structures qui répondent à toutes les formations. Les formations initiales de langues arabe, française et amazigh ont été redonnées à l’ENS (Ecole normale supérieure). Mais, pour la section Tamazight, il y avait un manque d’encadreurs. Cet encadrement faisait déjà défaut aux IFMP. A vrai dire, il y avait un manque de formateurs des formateurs. L’Etat a les moyens de le faire. Il y a des enseignants universitaires, des docteurs en linguistique, des docteurs d’Etat en littérature, il suffit de leur faire appel et trouver un accord avec eux afin de les intégrer en section Tamazight. Sinon, ce sont les ENS qui doivent travailler en collaboration avec cette élite. A ma connaissance, le prochain recrutement prévu par le département de l’Education nationale prévoit un quota pour les enseignants en Tamazight, ce qui est une bonne chose.
F. I.

Publié dans 1. AU JOUR LE JOUR | 1 Commentaire »

 

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