Le mausolée cheikh Aheddad à l’abandon
Posté par Rabah Naceri le 7 février 2012
Ce Mausolée a coûté une fortune
(Par Amar Chekar). A l’exception des bénévoles et de l’Association cheikh Aheddad, qui assurent le minimum, le mausolée du père de l’Insurrection de 1871 est sans tutelle.
Inauguré le 3 juillet 2009, le mausolée cheikh Aheddad, situé au village Seddouk Oufella, dans la vallée de la Soummam à Béjaïa, est livré à l’abandon.
Malgré son inauguration par les plus hautes autorités du pays, et ce pour montrer toute l’importance qui lui a été accordée, ce patrimoine national est presque oublié, pour ne pas dire ignoré par les pouvoirs publics concernés. A l’exception des citoyens bénévoles et l’Association cheikh Aheddad, qui fait de son mieux pour sauvegarder et entretenir au maximum ce bijou, depuis plus de deux ans, malheureusement, ni la direction concernée de la wilaya de Béjaïa, ni les autorités locales, ni le ministère de la Culture, n’ont daigné assurer le suivi et la gestion de cet établissement. «Par principe et respect à la mémoire du père de l’Insurrection de 1871 aux côtés de cheikh El Mokrani, nous ne voulons pas nous retirer carrément de ce patrimoine. Nous n’avons même pas un document administratif qui nous autorise à intervenir au besoin et nous engager pour l’intérêt général de ce patrimoine», a affirmé Karim Ouari, président de l’Association cheikh Aheddad. Ali Batache, membre de ladite association, enseignant en histoire et auteur d’un important ouvrage sur le personnage emblématique de cheikh Aheddad, ajoute: «Nous avons des données et des archives à récupérer pour enrichir davantage le mausolée sur tout ce qui concerne l’Insurrection de 1871, mais faute de moyens nécessaires, nous ne pouvons pas avancer dans nos recherches sur cette période charnière de l’histoire de notre pays», a-t-il déploré.
Deux agents ont été délégués par l’Association cheikh Aheddad, afin d’assurer le minimum d’accueil, de sécurité des lieux de jour comme de nuit. Ces deux jeunes travaillent H24 et 7/7 jours à longueur d’année avec un salaire de 12.000 DA/mois. «Dites-nous comment faire? Doit-on passer toute notre vie dans cette situation, et ce même si nous vouons tout notre engagement et notre considération à la mémoire et à l’histoire du pays?», lance l’un des deux jeunes agents qui, sans l’exprimer ouvertement, souffrent en silence.
Depuis le mois de juillet 2009, aucune subvention de l’Etat, aucune aide locale n’ont été attribuées pour la gestion, le suivi et le bon fonctionnement des lieux. Aucun intérêt n’a été accordé à ce lieu de pèlerinage qui enregistre plus de 10.000 visiteurs/an qui viennent des quatre coins du pays, notamment de Bouira, Bordj Bou Arréridj, Alger et Tizi Ouzou pour se recueillir à la mémoire de Cheikh Aheddad et ses deux enfants: cheikh Aziz et cheikh M’hamed. Même des étrangers y sont venus dont des Chinois que nous avons croisés dans ce temple de l’histoire. Tenant compte de l’importance des deux personnages phare, à savoir cheikh Aheddad et Mohamed El Mokrani de Bouira, qui ont uni les deux forces spirituelle et militaire dans le soulèvement populaire du 8 avril 1871 contre le colonialisme français, on apprend que des contacts sont en cours entre l’Association cheikh Aheddad et des membres de l’Association El Mokrani, afin de coordonner leurs efforts pour des commémorations communes à l’effigie des ces deux hommes libres et révolutionnaires inoubliables de la cause algérienne.
«Chaque temps sa génération. Chaque génération sa mission»,
lit-on sur le mur d’un rond-point à Maillot, dans la wilaya de Bouira.
Effectivement, c’est tout à l’honneur du peuple qui s’intéresse et réhabilite son histoire. Contacté par téléphone pour de plus amples informations concernant le mausolée, la Direction de la culture de la wilaya de Béjaïa avoue son ignorance sur la question. «Il faut s’adresser à la direction de la Dlep», nous renvoie-t-on.
Renseignement pris, cet organisme n’a rien à voir avec ce patrimoine historique. Sans commentaire.
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