En lisant un article publié par un quotidien national relatif à l’inauguration d’un tribunal administratif à Sétif par Monsieur le ministre de la justice accompagné d’une importante délégation, je n’ai pas manqué de ressentir un grand pincement au cœur en pensant à l’oubli conscient dont est victime notre wilaya.
Je m’en explique.
En 1999, alors que je présidais l’assemblée populaire de wilaya, le ministre de la justice de l’époque, Monsieur Adami, était en visite officielle à Bejaia pour inaugurer la nouvelle cour de justice. Son séjour a duré trois jours, ce qui a permis au ministre et à la délégation qui l’accompagnait de visiter toutes les infrastructures de ce département ministériel au niveau de l’étendue de la wilaya.
En inaugurant la nouvelle cour (je vous fais l’économie des erreurs d’architecture et d’esthétique), le ministère de la justice cèdera donc l’ancienne cour qui est un bijou architectural. J’ai saisi, personnellement, l’occasion pour solliciter monsieur le ministre de nous céder cette belle bâtisse pour en faire soit une bibliothèque de wilaya ou un véritable musée du Moudjahed (voire de la wilaya III). Le ministre de la justice a beaucoup apprécié cette proposition en m’encourageant dans cette démarche mais au fil de la discussion, il m’a fait une autre proposition encore plus intéressante qui est de la transformer en tribunal administrative en détaillant, pour me convaincre, les retombées positives d’une telle décision. Nous nous sommes entendus de conjuguer nos efforts et de concrétiser cet objectif.
Une correspondance motivée a été adressée au ministre de la justice, comme me l’avait suggéré le ministre lui-même, et une copie pour information fut également adressée au wali comme l’exige les usages de toute administration. Toutes ces correspondances sont disponibles dans les archives de l’Apw, de la wilaya et du ministère de la justice. Aucune suite. Ou peut-être si ! La bâtisse a fait l’objet d’une guéguerre entre la wilaya et le secteur militaire dont la population Bougiote a été le témoin vivant de ce spectacle de mauvais goût.
Qu’en est-il aujourd’hui de cette bâtisse ? Elle a été cédée à une association culturelle qui en a fait autre chose que ce que souhaitaient les citoyens de cette ville.
Mieux encore ! En voulant, soi-disant, restaurer cette bâtisse, les services de la wilaya ont confié la tâche à une entreprise non qualifiée en la matière qui a provoqué l’effondrement de toute une aile de ce chef-d’œuvre que la population dénonce avec la plus grande fermeté car cela dénotait la volonté de nuire. Le pire a été atteint par la déclaration d’un responsable élu en suggérant purement et simplement la démolition de cet édifice pour en construire un autre plus moderne.
En conclusion, je dirais que si le pouvoir avait les prédispositions à écouter les propositions qui lui parvenaient de la population et de ses représentants locaux, aujourd’hui la wilaya de Bgayet serait parmi les premières wilaya à disposer d’un tribunal administratif avec une anciennenté d’au moins dix années. Aujourd’hui, le ministre de la justice inaugure la 17ème chambre administrative à travers le pays et Bgayet … toujours à la traine.
Quelles conclusions tirerons-nous de cet état de faits ?