Quelle société formera notre école ?
Posté par Rabah Naceri le 24 octobre 2011
Le phénomène inquiète les éducateurs de la wilaya
Quand la violence s’invite dans les écoles
(Par N.M). Violence physique caractérisée, dégradation volontaire du mobilier scolaire, insultes en tout genre, tags et graffitis obscènes… sont devenus la hantise des éducateurs de la wilaya de Bgayet.
Dans nombre d’écoles, cette violence est devenue omniprésente. «Même s’il n’y a pas toujours des agressions physiques, les altercations et les vociférations d’injures sont, en revanche, monnaie courante», soutient un professeur d’enseignement secondaire d’une école de la haute vallée de la Soummam. «Les enfants et les adolescents ne sont que les relais d’une violence qu’ils subissent, soit de la part de leurs parents, de l’école ou par le truchement des médias et de la société en général. Dans tous les cas de figures, ils s’identifient à leurs bourreaux physiques ou symboliques et en reproduisent les actes», analyse un psychologue scolaire officiant dans une unité de dépistage et de suivi (UDS) d’Akbou. D’aucuns soutiennent que le laxisme ambiant, la permissivité et l’impunité ont largement contribué à l’émergence et à l’extension de ce phénomène, qui est en passe d’épouser des contours hallucinants. «Les auteurs des dépassements sont rarement sanctionnés, du moins pas à la mesure de la gravité de leurs actes répréhensibles, d’où les nombreux cas de récidives constatés», soutient un enseignant d’Amizour exerçant dans un collège de la ville. La voie est ainsi ouverte à tous les abus, et la violence a vite fait de s’installer durablement, faisant parfois tâche d’huile.
Par ailleurs, bien des éducateurs fustigent les textes régissant les conseils de discipline. Les prérogatives et les attributions de cette structure sont jugées très réduites et les délais de prise de sanctions éventuelles trop longs. «Il s’écoule souvent de longs mois entre le verdict rendu par un conseil de discipline qui n’a pas, à vrai dire, les coudées franches, et l’aval de la tutelle, la Direction de l’Education en l’occurrence», déplore un directeur d’école de la région de Sidi Aïch, qui a eu à siéger dans ledit conseil.
Des actes de vandalisme sont également le lot quotidien de nombreux établissements scolaires : mobilier saccagé, murs oblitérés de graffitis… «De plus en plus d’élèves sont devenus turbulents, insoumis, parfois arrogants jusqu’à l’insolence», relate Malek, un éducateur de Seddouk. «La situation s’est nettement gâtée au cours de ces dernières années et ni le staff pédagogique ni les associations de parents d’élèves ne semblent en mesure d’enrayer cette déferlante qui engage toutes les strates de la société», ajoute-t-il. Un autre enseignant de Tazmalt nous apprend qu’un de ses collègues a essuyé dans l’enceinte même de l’établissement où il exerçait, un chapelet de jurons et d’intimidations de la part d’un de ses élèves. Pour couronner le tout, l’infortuné éducateur s’est fait molester à la sortie de l’école par le frère aîné du potache. «La victime s’en est tirée avec deux semaines d’incapacité de travail», rapporte-t-il, sidéré. A en croire de nombreux témoignages, les cas de ces enseignants laminés par des élèves ou par leurs proches, déguisés en Rambo revu et corrigé, sont légion.
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