Dégradation de l’espace urbain : L’arrière-port régulièrement inondé
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(Par R. Oussada). Le réseau d’assainissement, bien que refait le long de la rue J, n’arrive plus à évacuer les eaux pluviales. Un autre ouvrage d’évacuation, qui aurait coûté la bagatelle de 60 millions de dinars, a de la même manière été aménagé au niveau de la rue K. Et le problème n’a pas pour autant trouvé de solution. Début 2008, l’ONA (Office national de l’assainissement) est intervenue sur les deux premières voies et avait réussi à déboucher les canalisations. La stagnation des eaux pluviales a été momentanément éliminée. Mais, moins d’une année après, les choses sont redevenues comme elles étaient auparavant. La pose de tout-venant, effectuée après le passage de l’ONA au niveau de la rue J, n’est apparemment pas, comme dira ce patron d’atelier, étrangère au problème. Les amodiataires de la zone ne savent plus à quel saint se vouer. Toutes les autorités ont selon eux été interpellées. Certains ont carrément rendu le tablier à l’exemple de cette station service contrainte de déposer le bilan. En fait, c’est toute l’activité qui est compromise le long de cette rue à cause du phénomène d’embourbement de la chaussée par des travaux de réfection qui n’en finissent pas. Les issues sont impraticables.
Ce qui visiblement pénalise, entre autres l’ERENAV, dans le déplacement de son matériel, des comptoirs de matériaux de construction et des ateliers mécaniques et de réparation électrique. Une grande marre d’eau immergeant une intersection, a causé par ailleurs pas mal d’ennuis aux automobilistes. Pour derniers exemples, ce camion frigorifique et une Peugeot 206 dont les moteurs ont coulé pour avoir pompé de l’eau. Pour solution, il n’a pour l’instant pas été trouvé mieux que de poser un panneau de sens interdit pour ce tronçon de voie. Ce qui n’est pas du goût des commerçants qui se considèrent davantage pénalisés. L’APC aurait-elle agi ainsi pour engager des travaux ou est-ce tout simplement pour se prémunir de toute poursuite, s’interrogent-ils ? Nonobstant cette sortie de la commune, il est question à terme, d’un projet sectoriel de réfection de toute la zone de l’Arrière-port. Une enveloppe de 500 millions de dinars serait allouée au projet. Mais en attendant, une solution d’urgence est souhaitée. C’est le vœu de tous les occupants de cette zone d’activité. A l’instar des établissements Kabla engagés en partenariat avec Motrio, une filiale de Renault spécialisée dans la maintenance automobile multimarques. C’est le « premier établissement pilote en Afrique » dont l’inauguration est prévue pour les prochains jours, en présence notamment du PDG de Renault zone Euromed. Et M. Kabla ne voudrait surtout pas à en rougir, pour l’image de sa ville. « Une pose de tout-venant au moins », préconise-t-il.
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Routes et trottoirs défoncés, sites archéologiques à l’abandon…
(Par Med Touati). Ce n’est pas pourtant faute de moyens. L’Etat a en effet mis la main à la poche pour la remise à niveau et la modernisation des infrastructures routières, ferroviaires, sanitaires, culturelles…Faut-il donc attendre que tout s’écroule pour tout reconstruire? La wilaya de Béjaïa donne l’impression de vivre un «état d’insularité». Les trottoirs et les routes sont devenus de véritables chemins de croix pour les piétons et les automobilistes qui les empruntent quotidiennement. A la moindre chute de pluie, ils se transforment en torrents de boue en de nombreux endroits et une fois asséchés, ce sont des nuages de poussière qui se dégagent au passage des véhicules. Ce qui rend l’air irrespirable et incommode les nombreux piétons. Cette image n’est cependant qu’une de ces facettes qui empoisonnent à longueur d’année le quotidien de la population béjaouie. Et que dire des montagnes d’ordures qui s’amoncellent dans les cités, aux abords des habitations et partout dans les rues. Un fléau que les responsables locaux ont du mal à éradiquer. L’image renvoyée par l’insalubrité des quartiers et des villages de la wilaya de Béjaïa est révélatrice de la «clochardisation» et de l’état de sous-développement dans lequel s’enfonce la région.
En effet, en plus de présenter ce visage hideux qui contraste avec la beauté naturelle qu’offre la région, la wilaya de Béjaïa, toujours dans le registre des perturbations, doit avoir battu le record de coupures d’électricité durant l’été 2008. Des coupures qui se sont succédé à un rythme régulier qui ont occasionné la détérioration des appareils électroménagers de nombreux foyers et commerces.
Que dire du problème d’approvisionnement et de distribution d’eau! Cette bataille essentielle pour le confort de l’homme a été ou est en voie d’être gagnée surtout au niveau de la capitale. A Béjaïa, il demeure récurrent. Au point même que la vie quotidienne des populations prend des allures et des réflexes qui caractérisent les favellas brésiliennes ou certains pays d’Afrique subsaharienne, sauf que la région a pour particularité de passer pour la wilaya la plus arrosée du pays. Un paradoxe. L’eau ne coule plus dans les arrivées d’eau des villages de Bou Hamza depuis le mois de septembre 2008. Tandis qu’ à Amizour la rareté de l’eau potable a tout simplement donné naissance à la commercialisation de ce précieux liquide par camions citernes entiers. Une eau impropre à la consommation, a-t-on appris auprès des services concernés qui ont, juste, appelé la population à prendre ses précautions. Certains quartiers de Béjaïa, Naciria, Targa Ouzemmour, Tobbal…continuent à vivre au rythme de la rationalisation de l’eau potable. Deux heures en moyenne le matin et le soir et de façon irrégulière. Sur ce plan, l’été est redouté par les Béjaouis avec l’afflux des touristes. La consommation d’eau doit inévitablement doubler, ce qui fait craindre la multiplication des perturbations. Malgré toutes ces difficultés, Béjaïa est tout de même loin de perdre son âme. Son histoire est là pour le dire. Certains lieux résistent pour en témoigner, à l’image de la place de la Mosquée de Sidi Soufi. Une petite merveille. Cela ne doit pourtant pas occulter l’état d’abandon dans lequel demeurent la place Philippe, la Casbah de Béjaïa, Bab El Fouka,…dont les travaux de rénovation tardent à démarrer.
Région à vocation agricole et touristique par excellence, mais pas uniquement, Béjaïa n’émet pas encore les signaux de son décollage économique. Son réseau ferroviaire et la réhabilitation de la gare ont bénéficié d’une enveloppe de 9 milliards de dinars. L’aéroport Abane Ramdane, surtout la piste et l’aérogare qui ont été rénovés entre 2006 et 2007, va présenter en principe un nouveau look avec une nouvelle extension qui consistera en la séparation des flux d’arrivée. 12 milliards lui ont été alloués pour mener à bien les travaux. Quant à la gare maritime, sa réalisation est prévue pour le mois d’octobre prochain, elle devrait durer 18 mois. Ces trois pôles doivent constituer le fer de lance de l’essor économique de la région.