Le phénomène de la drogue n’est pas nouveau et n’épargne aucune région du pays. L’alerte a été donnée maintes fois et cela n’a pas réussi à freiner sa dangereuse propagation au sein de notre jeunesse qui évolue dans un espace de vide culturel extraordinaire. La menace est forte car les mesures de lutte sont faibles.
Le mortel phénomène de la drogue est plus que jamais l’affaire de tous : la cellule familiale, l’école, la mosquée, la police, la justice, la direction de la santé, la direction de la culture, l’Apc, l’Apw, la wilaya, etc…
J’ai trouvé quelques articles très intéressants dans l’hebdomadaire « Les Débats » que j’ai insérés dans cette page
Ne soyons pas indifférents face au phénomène
de la drogue !
Un danger qui s’installe
(Par Khadidja Mohamed Bouziane). Entre la rive sud de la Méditerranée, point de départ vers l’Europe et réputée être une passoire pour les trafiquants de tout genre, l’Algérie se trouve devant le double défi de protéger ses frontières et de rejeter les influences qui lui viennent de partout. Du fait de sa situation, notre pays assiste à la création d’un marché national de drogue qui empoisonne de plus en plus de jeunes.
Entre le début de l’année 2008 et le mois de septembre de la même année, 18 tonnes de résine de cannabis et 900 000 psychotropes ont été saisies par les services de sécurité. Les psychotropes, peu chers et plus disponibles, sont un vrai casse-tête pour les services de lutte contre la drogue, car ils constituent un vrai danger pour la santé publique. Ce n’est pas tout. Durant la même période, 23 000 personnes impliquées dans le trafic de drogue ont été arrêtées. Parmi ces personnes, 5 000 sont des dealers et 17 000 des consommateurs, dont 80% sont âgés entre 16 et 35 ans. Pour les services de lutte contre la drogue, ces chiffres ne reflètent pas toute la réalité puisque beaucoup de trafiquants échappent malgré tout aux contrôles et arrivent à faire passer leur poison. Les quantités de drogue saisies, même si elles sont effarantes, sont pour leur part loin d’atteindre les quantités qui circulent entre les différents réseaux. C’est sans doute pour cette raison que les services de lutte contre la drogue s’attendent à ce qu’il y ait des quantités encore plus importantes qui seront découvertes avant la fin de l’année. «Il faut s’attendre à bien plus de 23 tonnes à saisir pour toute l’année», dira le directeur général de l’Office national de lutte contre la drogue. Une estimation qui est loin de toucher la vraie réalité. En effet, durant ce mois de décembre, 8,6 tonnes de cannabis sont découvertes à Tindouf. Déjà plus de 26 tonnes avant la fin de l’année. La plus grande crainte de ces services, c’est de voir cette drogue destinée à l’étranger distribuée au niveau local et consommée par nos jeunes qui sont chaque fois plus nombreux à s’adonner à ce fléau.
Autre nouveauté, le trafic de la cocaïne, jusque-là destiné à l’étranger, trouve désormais des consommateurs locaux. Les filières qui affectionnent ce genre de drogue remontent jusqu’à la région subsaharienne et essaient d’être présentes en Algérie d’une manière ou d’une autre pour mieux atteindre le marché européen. Cette présence n’a pas été sans incidence sur notre pays, puisque 22 kg ont été saisis en 2007 et 800 grammes au courant de l’année 2008. Ce qui signifie clairement que les quantités non saisies sont destinées à l’usage local.
Les drogues de synthèse, un nouveau danger
Outre le cannabis et la cocaïne, l’Algérie est confrontée à un autre danger. Il s’agit des drogues de synthèse (crack, ecstasy, amphétamines) fabriquées à partir de substances chimiques qui sont produites d’une façon légale puis servent à fabriquer de la drogue. Pour le moment, le danger n’est pas vraiment imminent, mais le sera un jour ou l’autre surtout que les pays européens sont envahis par ce genre de drogue qui, selon l’avis des spécialistes, est encore plus dangereuse que la cocaïne, le cannabis ou le haschich dans la mesure où ses effets sur la santé sont désastreux. Les spécialistes de la lutte contre la drogue en Algérie expliquent la rareté des drogues de synthèse chez nous par le fait que les drogues naturelles circulent en abondance et ne coûtent pas aussi cher que les autres. Mais la lutte acharnée que mènent les services de sécurité contre les trafiquants et les usagers de la drogue poussera certainement les trafiquants à se tourner vers les drogues de synthèse. «Il faut s’attendre à un changement d’habitudes de consommation», dira le directeur de l’Office national de lutte contre la drogue. C’est pour parer à ce danger que l’Algérie s’est inscrite dans une opération sur les drogues de synthèse dans le cadre du programme d’action 2008 du réseau «MedNet», réseau euro-méditerranéen de coopération de lutte contre la drogue, coordonné par le groupe Pompidou du Conseil de l’Europe. Car il faut bien améliorer les connaissances des personnels qui s’occupent de la lutte contre la drogue. Il est encore plus important de perfectionner le savoir des personnels des laboratoires de police. En effet, ces derniers doivent impérativement connaître et maîtriser l’analyse et l’expertise des substances psychotropes et posséder des étalons qui faciliteront le travail d’analyse. La formation se base sur deux axes principaux, à savoir la partie théorique qui comprend un aperçu sur les drogues de synthèse et leur classification, le processus de production, la détection préliminaire, c’est-à-dire les tests rapides à effectuer. Le volet pratique de la formation s’articule sur les différentes drogues saisies et les matrices biologiques.
Une enquête nationale sur la consommation de la drogue
L’Algérie a beau essayer de mesurer l’étendue du fléau de la drogue à travers les saisies effectuées par les services de sécurité et les douaniers, mais aussi à travers des enquêtes et des études épisodiques menées par des organismes différents, il n’en demeure pas moins que la réalité reste bien loin des estimations faites à partir de ces études. C’est pour vraiment connaître l’étendue de ce phénomène qu’une enquête nationale sur la consommation de la drogue en Algérie a été entamée à partir du 15 décembre.
10 000 ménages et 45 000 personnes âgées entre 12 et 45 ans seront interrogés pour essayer de définir le profil des consommateurs, leur âge et toutes les données qui permettent de cerner l’étendue de ce fléau. Une somme de 17 millions de dollars est allouée pour les besoins de cette enquête.
En attendant les conclusions auxquelles vont aboutir les données de cette enquête nationale, les services de lutte contre la drogue sont appelés chaque jour à plus de vigilance. Les réseaux des narcotrafiquants sont très difficiles à démonter totalement ou à remonter. En effet, lorsqu’un convoyeur ou un vendeur est arrêté, il est pratiquement impossible de retrouver les autres membres du groupe. De plus, la proximité du Maroc, premier producteur de cannabis, n’arrange pas les choses et facilite la tâche des trafiquants qui choisissent les villes de l’ouest du pays, (Oran et Chlef) puis transitent par le Centre (Alger et Blida) pour écouler leur drogue. Et, plus grave encore, entre 2007 et 2008, 41 hectares de cannabis ont été découverts par les services de sécurité au sud, à l’est et au centre du pays. Ce qui change beaucoup de données et signifie que l’Algérie n’est plus seulement un pays de transit comme on l’a toujours affirmé, mais bel et bien un pays producteur. Cela complique encore plus la tâche des services qui luttent contre ce fléau, déjà submergés par toutes ces drogues qui viennent du Maroc et de certains pays africains, et que nos jeunes, confrontés à une réalité et un quotidien qui n’ont rien de reluisant, consomment pour oublier leurs soucis. La vigilance sera encore de mise, car nul n’ignore que du fait de la mondialisation et la libre circulation des produits, l’envahissement des drogues de synthèse, plus dangereuses que les autres et plus difficiles à détecter, sera dans quelque temps une réalité des plus concrètes.